Quand l’histoire locale rejoint l’actualité de l’eau : La Grippière, Bercagny et nos villages

Du 8 août au 8 septembre 2025, les habitants de Moussy, du Bellay-en-Vexin et de Bercagny ont vécu une contrainte inhabituelle : l’interdiction de consommer l’eau du robinet pour boire ou cuire les aliments. Un rappel brutal que nos réseaux d’alimentation en eau, que l’on croit souvent acquis et immuables, restent fragiles.

Or, cette actualité trouve un écho singulier dans l’histoire du territoire.

La Grippière : des sources au château d’eau

Jusqu’en mars dernier, deux puits situés au lieu-dit de la Grippière, sur la commune de Chars, contribuaient encore à l’alimentation en eau courante de nos villages. L’eau était acheminée vers le château d’eau de Bercagny, avant d’être distribuée dans les foyers de Bercagny, du Bellay-en-Vexin et de Moussy.

La Grippière n’est pas seulement un nom sur une carte : c’est un ancien fief rattaché à l’Hôtel-Dieu de Paris dès le XVIIᵉ siècle. Il comprenait de vastes terres agricoles, une ferme et, surtout, des sources abondantes. Ce rôle nourricier, hier pour la terre et aujourd’hui pour l’eau potable, illustre la continuité des usages de ce lieu.

Bercagny, une entité longtemps indépendante

Le hameau de Bercagny, situé à trois kilomètres de Chars, fut longtemps une entité à part. Il eut ses propres seigneurs jusqu’en 1706, date à laquelle Pierre de Rivié acquit à la fois le territoire de Chars et celui de Bercagny. À l’époque de la Révolution française, Bercagny est définitivement rattaché à la commune de Chars.

L’église Saint-Christophe de Bercagny

Bercagny possédait une église dédiée à saint Christophe, fermée à la Révolution mais détruite seulement vers 1820. Elle se distinguait par son clocher à toit carré, similaire à celui du Bellay.

^{L’église en plein cœur du village telle qu’elle apparaît sur le « Plan de la terre et seigneurie de Bercagny et fief de la Grippière sise en Vexin français », 15 mai 1750}

L’ensemble donnait à l’église une allure de véritable paroisse, bien au-delà d’une simple chapelle de dévotion. On y trouvait « tous les livres nécessaires pour l’office divin », un autel consacré à sainte Anne et les équipements pour les cérémonies. Selon les archives, c’était « une très belle église au dedans et au dehors, ornée d’un grand clocher ».

Au XVIIIᵉ siècle, on y comptait treize feux et une trentaine d’habitants, ce qui correspond à une communauté villageoise inférieure à celle que l’on connaît aujourd’hui mais nettement plus importante que celle du début des années 2000.

Eau, fontaines et lavoirs : une continuité géographique

Un hasard ou une logique de proximité ? L’eau courante reliait les mêmes villages que ceux qui partageaient jadis leurs points d’eau et leurs lavoirs.
Ainsi, le lavoir du Bellay, alimenté par la « couleuvre » (ru de Moussy), était utilisé par les habitants du Bellay… mais aussi par ceux de Bercagny. La commune de Moussy, elle, ne manquait pas d’eau, grâce à ses nombreuses sources (fontaine de Moussy, fontaine du Doyen, fontaine du Bellay).

De la fontaine à la conduite d’eau, des lavoirs à l’interdiction de consommation temporaire de 2025, l’histoire rappelle que l’eau façonne nos territoires, leur organisation et leur mémoire collective.

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Sources

• Bonnejoy, Ernest (1833-1896). Études historiques. Chars (Seine-et-Oise), son histoire, ses hauts barons, son vieux château, son hôtel-Dieu, son église, la Pierre-qui-tourne, Bercagny, etc. / par M. le Dr Bonnejoy. 1873.
• Source : Gallica – BnF.
• Archives nationales et départementales (Histoire de Bercagny). Notice : FranceArchives
• Fonds numérisés de l’AP-HP, archives de l’Hôtel-Dieu de Paris : Lien direct
• Commune de Moussy. « Territoire communal – Les eaux de Moussy ». Site officiel

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