Un moment heureux malgré la pluie est venu embellir cette journée. Bien qu’il rappelle de douloureux souvenirs, la célébration du 11 novembre 1918 a permis de faire participer des moussyacois de toutes générations. Retenons, la lecture d’un poème lu par Rubis Pruvost et Chloé Le Page, les textes des soldats par Robin Pruvost et Ronan Le Cléguérec, nos deux délégués au conseil intercommunal des jeunes, par deux autres jeunes, Léna Le Page et Hadrien Combecau ainsi que par Muriel Verbeke, Elise Ménard, Armelle Nicoud, Mario Pruvos à la sono, Jean-Pierre Verbeke notre porte drapeau. Sans oublier la participation des sapeurs-pompiers et enfin la présence de nombreux habitants.
En ce 11 novembre 2018, nous sommes réunis pour commémorer la fin de la 1ère guerre mondiale qui a été totale et meurtrière. Elle a ruiné l’Europe et a touché la France dans ses forces vives, sa jeunesse et son économie.
Aucune famille française n’a été épargnée par un deuil, le retour d’un mutilé ou traumatisé par l’horreur qu’ils avaient vécue.
A Moussy, nous ne célébrions pas cette journée devenue celle du souvenir depuis 2012. Les membres du conseil municipal ont jugé important comme devoir de mémoire de rendre hommage aux quatre « morts pour la France » ainsi qu’à ceux qui se sont battus pour notre pays. Ceux-là, ont pris part aux combats. Ils ont combattu sur le front pendant la « campagne contre l’Allemagne » comme il est indiqué sur leur registre militaire.
Je m’appelle Louis Eugène Séheux. Matricule 587 – Classe 1887. Je suis Moussyacois
marié – 5 enfants.
Je suis né en 1867, j’ai 47 ans. Mobilisé depuis le 31 juillet 1914 je suis rentré chez moi à la fin de la même année. C’est mon âge sans doute et ma situation de père de famille qui m’auront permis de rentrer à Moussy. Ce n’est pas comme les p’tit gars du village qui sont restés soldats jusqu’en 1919 pour beaucoup. Ils manquent à leurs familles, à nous tous. Ce sont les femmes qui s’occupent des fermes en l’absence des hommes. C’est difficile et il faut du courage. Moi je vais pouvoir retravailler dans mon exploitation agricole et irai leur donner de l’aide. Mais à Moussy on a de la chance car nos gars sont tous rentrés vivants.
Je suis un soldat de la 1ere guerre mondiale et j’ai servi la France.
Ces hommes n’ont pas été tués au combat, non, ils ont survécu à ces atrocités. Mais à quel prix ? Comment imaginer la vie après avoir connu un tel enfer ?
Dans son livre, « La peur », Gabriel Chevallier, décrit parfaitement ce que pouvait ressentir un soldat.
Lu par Robin Pruvost en bleu – Ronan Le Cléguérec en rouge
… Il se dit : “Surtout, je ne dois pas penser… “ Il rampe, il frémit. Ça siffle, ça tire. “Il n’y a ni vainqueurs ni vaincus, parce qu’il n’y a que des cadavres. Etre vainqueur ? C’est vivre.” Il a 20 ans, et ne laisserait personne dire que c’est le plus bel âge de la vie. 1914, direction le front.
Aujourd’hui plus aucun d’entre eux ne peut témoigner de la dureté des combats durant ces quatre années. C’est pourquoi le devoir de mémoire nous incombe, et nous amène à nous interroger sur ce qui a permis à nos soldats de tenir, de faire preuve d’un courage et d’une abnégation sans pareille.
Ce 11 novembre est aussi l’occasion de saluer les victimes de tous les conflits, que ce soit celles de la seconde guerre mondiale, celles tombées en Indochine, en Algérie ou sur d’autres champs de bataille. Il nous permet également d’associer à cette commémoration deux anciens d’Algérie, Noël Caillée et Roland Golfier.
11 novembre 1918, 11 novembre 2018. Cent ans séparent ces 2 dates. 8 millions de Français environ ont été mobilisés. L’appel aux troupes coloniales a lieu dès l’entrée en guerre de la France. Le nombre de ces soldats venus d’Afrique avoisine 200 000 hommes formant un premier régiment appelé, les tirailleurs sénégalais. Au total, le pays peut compter sur 600 000 hommes venus de ses colonies.
Portraits de soldats de la 1ère guerre mondiale
Je m’appelle Mohamed Osman. Mon pays d’origine est l’Algérie. Je suis spahi, un cavalier d’élite recruté au Maghreb.
Six régiments algériens et tunisien servent sur le front occidental dans les tranchées au sein d’unités d’infanterie.
Les spahis marocains combattent en France et sur le front d’Orient.
Je suis un soldat de la 1ere guerre mondiale et j’ai servi la France.
Je suis le capitaine d’aviation Alfred Heurtaux – Commandant de l’escadrille des Cigognes en 1916.
L’aéronautique militaire nait pendant la Grande guerre. Elle se développe avec la reconnaissance, le réglage des tirs d’artillerie, le bombardement puis la chasse.
Environ 17 000 pilotes sont engagés comme moi dans le conflit et 1/5 y ont perdu la vie.
« As » de la Première guerre mondiale et plusieurs fois blessé, je fus aussi député, résistant et déporté.
Je suis un soldat de la 1ere guerre mondiale et j’ai servi la France.
Je m’appelle Émile et suis infirmier malgache. Comme moi, 30 000 Malgaches ont pris part au conflit avec l’unité combattante et 21 bataillons d’étapes, actifs à l’arrière immédiat du front.
Très appréciés dans le service de la santé, mes compatriotes fourniront 1 900 infirmiers.
Plus de 3 000 Malgaches et Comoriens sont morts pour la France.
Je suis un soldat de la 1ere guerre mondiale et j’ai servi la France.
Parmi les 43 430 tirailleurs indochinois, 4 800 combattent en première ligne et les autres servent dans 15 bataillons d’étapes.
1 123 sont morts pour la France.
Par ailleurs, 48 981 travailleurs indochinois sont employés dans l’agriculture et l’industrie.
Je suis un soldat de la 1ere guerre mondiale et j’ai servi la France.
La gendarmerie est chargée d’organiser la mobilisation et le départ des soldats.
« Armée de l’intérieur », elle assure le maintien de l’ordre.
Sur 18 000 gendarmes, 900 trouvent la mort et 3 500 reçoivent la croix de guerre.
De nombreux gendarmes s’enrôlent comme volontaires dans les unités combattantes.
Je suis un soldat de la 1ere guerre mondiale et j’ai servi la France.
J’appartiens au 44ème régiment d’infanterie territoriale.
Aux côtés des unités d’active et de réserve, 300 régiments d’infanterie territoriale mobilisent les réservistes trop âgés pour servir en première ligne.
Nous assumons des missions de surveillance, de terrassement et de protection des installations militaires.
Je suis un soldat de la 1ere guerre mondiale et j’ai servi la France.
Les 1000 aumôniers militaires comme moi et de toutes confessions dépendent du service de santé de l’armée.
150 sont morts pour la France durant le conflit. Par ailleurs, près de 25 000 prêtres, pasteurs et rabbins sont mobilisés comme soldats et assurent bénévolement le service religieux.
Je suis un soldat de la 1ere guerre mondiale et j’ai servi la France.
Ils ont droit à toute notre reconnaissance et notre admiration pour leur dévouement, leur acharnement, souvent jusqu’au sacrifice suprême.
Lu par Muriel Verbeke
Près de 10 millions de soldats des deux camps sont tombés sur le champ de bataille, 20 millions de blessés et de mutilés.
Un grand nombre d’animaux furent également utilisés. Ainsi plus de 11 millions de chevaux, d’ânes et de mules seront tués pendant la guerre.
Au-delà du nombre de victimes, les combats sur le front ont atteint un degré de brutalité inconnu jusqu’alors.
Ces atrocités ne doivent pas cacher le risque de se laisser tenter par des discours prônant la violence, agitant la prétendue existence d’un ennemi venu d’ailleurs ou blâmant celui qui est simplement différent.
En mémoire de ceux qui sont morts pour la liberté, nous devons nous élever contre les restrictions de cette liberté, sous toutes ses formes.
Parce que la paix ne dépend finalement que de nous, il faut enseigner aux jeunes générations que celle-ci recule quand se renforce la haine de l’autre.
Célébrer la mémoire de ces disparus est fondamentale, nous le faisons ce jour. Mais penser l’avenir, plus encore, le créer, permettra de vivre dans un monde plus juste que nous voulons laisser à nos enfants.
L’avenir vous appartient, jeunes gens. Je m’adresse à vous tout particulièrement ici présents. Jeunes sapeurs-pompiers et délégués intercommunaux des jeunes, Robin et Ronan, et à vous les enfants qui êtes présents ce matin. Chacun à votre façon, devez participer au monde de demain. Nous avons besoin de vous pour relever les défis nécessaires au maintien des valeurs qui font le ciment de notre pays. Celles de partages, de solidarités et de libertés. Et nous avons besoin de votre aide pour construire l’Europe que l’on dit vieille et fatiguée. Cette Europe dont certains pays étaient en guerre à la fin du siècle dernier. En effet, à peine 25 ans nous séparent des conflits des pays de l’Est à aujourd’hui. Mais maintenant, chacun de nous vit dans une Europe en paix.
Et la France, ce grand pays, doit être l’un des moteurs de cette Europe en paix, plus juste et solidaire !
Vive l’Europe en paix.
Vive la république française, Vive la France.
Philippe Houdaille – Maire
Merci à Fabrice PETIT pour les photos.