Comment expliquer que les champs mis à nus lors des combats se couvrent de ces fleurs rouges sang après la bataille ?
Pour germer, la graine du coquelicot n’a que très peu d’exigences : elle a avant tout besoin d’une terre remuée et calcaire. De grande longévité, elle résiste bien au manque d’eau et à l’enfouissement, et peut donc rester dans le sol de longues années. Puis, dès que la terre est remuée et mise à nu, elle se met à germer. C’est ce qui explique aussi qu’elle se mit à pousser sur les terres dévastées par les obus et tranchées des combats de la première guerre mondiale…
Dans les pays du Commonwealth, le coquelicot est associé à la mémoire de ceux qui sont morts à la guerre. En 1920 cette coutume vint à la connaissance d’une française, Madame Guérin, en visite aux Etats-Unis.
À son retour en France, elle décida de se servir de coquelicots réalisés à la main pour recueillir des fonds pour les enfants sans ressources des régions dévastées du pays. En 1921, c’est le maréchal Douglas Haig, alors au commandement des armées britanniques en France et en Belgique qui, ayant découvert l’initiative d’Anne Guérin, incita l’organisation du British Poppy Day Appeal destiné à récolter des fonds pour les anciens combattants démunis et invalides. Cette année-là aussi, Anne Guérin voyagea au Canada et parvint à convaincre l’Association des anciens combattants de la Grande Guerre d’adopter le poppy comme symbole du souvenir. Les premiers coquelicots du Canada ont été distribués en novembre 1921. Depuis, dans tous les pays du Commonwealth, le « Poppy » (coquelicot) symbolise le Sacrifice et le Souvenir de la Première Guerre mondiale et l’Armistice du 11 Novembre est appelé le « Poppy Day » (jour du Coquelicot).
En France, le bleuet, également présent sur les champs de bataille et dont la couleur rappelle les uniformes des Poilus, est lui aussi devenu fleur-symbole du sacrifice des soldats lors du premier conflit mondial. Les poilus français avaient eux-mêmes choisi cette fleur comme symbole de leur guerre. En 1915, les soldats vétérans de la mobilisation, vêtus de l’uniforme bleu et rouge, ont donné le surnom de « bleuets » aux jeunes recrues qui arrivaient au front, habillées du nouvel uniforme bleu horizon de l’armée française.
Mais comme pour le coquelicot britannique, c’est après la guerre que le bleuet fut institué fleur du souvenir. Suzanne Lenhardt, infirmière-major de l’hôpital militaire des Invalides et veuve d’un capitaine d’Infanterie coloniale tué en 1915, et Charlotte Malleterre, fille du général Gustave Léon Niox et femme du général Gabriel Malleterre, toutes deux bouleversées par les souffrances des blessés de guerre dont elles s’occupaient, avaient saisi la nécessité de leur redonner une place active au sein de la société… Elles eurent l’idée d’organiser des ateliers où les mutilés de guerre confectionnaient des bleuets dont les pétales étaient réalisés avec du tissu et les étamines en papier journal.
Ces fleurs étaient vendues au public à diverses occasions et les revenus générés par cette activité permettaient de procurer un petit revenu à ces hommes. Le bleuet devint ainsi un symbole de la réinsertion par le travail.